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L'estime de soi

 



 

 

 

Je me suis marié je n'avais pas encore fêté mes dix-huit ans alors que mon épouse venait juste de fêter les siens. Eh oui nous avions mis la charrue devant les bœufs, comme nous disons en Auvergne...

 

Sept ans plus tard je suis accepté à l'école de police de la Préfecture de Police sur Paris. D'où déménagement de la famille de notre Auvergne natale pour la région parisienne.

 

Malheureusement : onze ans et cinq enfants après notre mariage mon épouse ressent un malaise à la vie parisienne et préfère quitter le foyer conjugal et redescendre en Haute-Loire avec nos enfants...

 

Côté travail : suite au départ de mon épouse, le médecin chef de l'administration m'a trouvé dépressif au regard du rapport de comportement que lui a fourni mon officier de brigade... Du coup, ce médecin psychiatre m'a placé en position "à ménager". C'est à dire : interdiction de voie publique car retrait de l'arme administrative et interdiction du port de la tenue de policier. Je me suis retrouvé à faire le ménage dans les bureaux d'un commissariat de quartier. Quelle déchéance pour un policier de terrain que de se retrouver à passer la serpillière dans la cellule de garde-à-vue !!!!!

 

 

 

Si avant ce départ, je pensais être satisfait de l'homme que j'étais devenu, après ce départ je me suis posé des questions, aux quelles je n'ai malheureusement pas trouvées la réponse sur le moment :

 

-- « Pourquoi est-elle parti ? »

 

  • « Qu'est-ce que je n'ai pas réussis avec elle et les enfants ? »

  • « Pourquoi l'administration m'interdit d’exercer mon vrai métier de policier ? »

  • ETC...ETC...

 

 

 

Et j'avais beau chercher dans l'alcool la solution : je ne la trouvais pas ! Je me sentais vraiment un moins que rien, un inutile à ma famille et à moi-même. A mes yeux : je n'étais plus un homme.

 

 

 

Environ deux ans après le divorce, j'ai fait la connaissance d'une autre femme, avec qui je me suis mis en ménage. Un garçon est né de cette union. Là j'ai commencé à reprendre un peu confiance en moi. J'avais une compagne, un nouvel enfant, l'autorisation de l'administration de reprendre un travail de policier de terrain (armé et en tenue) en étant affecté au service de sécurisation du métropolitain. Du coup mes consommations d'alcool ont franchement diminuées, mais sans vraiment s'arrêter.

 

Mais ce que je n'avais pas vu venir côté privé : c'est que cette femme voulait bien un enfant mais pas le père qui allait avec. Nous nous sommes séparés alors que notre fils n'avait pas encore fêté ses deux ans.

 

Là, me retrouvant souvent seul à la maison, je cherchais l'échec de ma vie dans le rhum-coca. Mais bien-sûr je ne trouvais pas de réponse. Mes problèmes ne faisaient que s’aggraver. Mon ex-femme faisait barrière à mes entrevues avec mes enfants. Mon ex-compagne m'ignorait, et faisait oublier à notre fils mon existence. Mes parents se tourmentaient pour moi, mais n'osaient pas m'en parler. Je sombrais de plus en plus : j'étais devenu un automate. Comble de l'histoire côté travail ma hiérarchie m'a déplacé de la brigade spéciale qui assurait la fermeture des stations à une équipe qui faisait de assistance aux personnes sans abri qui squattent dans le métro. On se débarrasse d'un ivrogne en le mettant au milieu d'alcooliques.... Quelle descente : un nul.....

 

 

 

Mais dans ma descente au enfer j'ai fait la connaissance d'une femme qui a su me faire prendre le "déclique" comme on dit. C'était une collègue qui était adhérente à une association qui gérait le centre de santé du ministère de l'intérieur. J'ai donc pris contact avec ce centre et suis entré pour une cure de trois dans ce centre.

 

Mais bien sûr à la sortie de ce centre, le psychiatre de l'administration me remet en position à ménager sans voie publique, sans arme.... etc.... avec obligation de suivre une thérapie auprès d'un service, d'une structure plus exactement qui vient en aide aux personnels en difficulté avec leur consommation d'alcool.

 

Je prends donc contact avec cette structure ; et reprends peu à peu confiance en moi. Au commissariat, mes collègues me font suffisamment confiance pour prendre des plaintes.... Mes enfants reprennent contact avec moi... Je suis même devenu secrétaire du club de pétanque où je suis adhérant... A côté de ça je suis solliciter après presque un an de suivi pour faire parti de cette structure de l'administration afin de remplacer un conseiller devant partir à la retraite. Chose que j'ai accepté sans vraiment y croire. Lors de mon affectation, le responsable de structure je propose de suivre des cours pour obtenir un D.U.A. Je n'y crois pas : moi l'alcoolique passer un diplôme universitaire en alcoologie...

 

Eh bien OUI, je l'ai fait et je l'ai eu. Waouh !!!! quel fierté. J'allais pouvoir aider mes collègues non seulement par mon parcours mais également par ma connaissance de la maladie.

 

 

 

Puis, j'ai eu un incident de parcours. J'ai fait une rechute lors de ma mise en retraite, que je pensais cacher à tout mon entourage.... Mais rien n'y faisait, tout le monde voyait ma rechute. N'ayant plus d'attache sur la région parisienne je suis descendu en Haute-Loire auprès de mes enfants : changement de vie ; changement de club de pétanque... etc.... changement de tout sauf de consommation d'alcool. Je ne me sentais pas fier de moi, croyant pourtant bien cacher mon addiction à mon entourage...

 

 

 

Début janvier 2013, le plus vieux de mes garçons a trouvé la mort dans un accident de montagne. Deux mois plus tard sa mère nous quitte pour aller le retrouver. Je me suis senti coupable de ces deux morts : «Pourquoi je n'ai pas su les protéger ?»

 

Lors des deux enterrements j'ai revu une cousine de la mère de mes enfants. Nous avons repris contact, nous avons échangé des correspondances. Nous avons décidé de nous mettre en ménage. Mais, malgré ce bonheur naissant, je consommais toujours de l'alcool, souvent en cachette de ma compagne et des enfants. Jusqu'au jour où une consommation plus excessive que les autres a déclenché une réunion de famille qui s'est suivi d'une cure en juin 2013 à la clinique du parc.

 

Suite à cette cure, j'ai pris contact avec ALP (d'où ma présence parmi vous aujourd'hui). Mais surtout, suite à cette cure j'ai retrouvé une certaine fierté en moi : ma compagne a accepté ma demande en mariage (nous nous sommes mariés en août dernier) mes enfants et petits-enfants retrouvent une confiance en moi, les enfants de mon épouse ressentent de l'affection à mon égard, ses petits-enfants m'appellent papi comme si j'étais vraiment leur papi.

 

 

 

QUELS PLAISIRS QUE DE RETROUVER L'ESTIME DES AUTRES

 

MAIS SURTOUT QUEL PLAISIR QUE DEPROUVER L'ESTIME DE SOI

 

 

 

Al-FA