La confiance

Certains d’entre vous me connaissent car nous fréquentons les mêmes réunions ALP. D’autres ont certainement lu mon témoignage dans le livre de l’association : «la voiture balai ».

 

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je vais me présenter vite fait :

 

-- En juin 2016, j’ai fait une cure de sevrage alcoolique (15 jours en ambulatoire suivis de 21 jours de soutient) à la clinique du Parc à Castelnau-le-Lez. Je n’ai pas fait de postcure. C’est pendant ce séjour que j’ai fait la connaissance de Jane et Roland, donc d’ALP ; où je suis venu pour la première fois en septembre 2016.

 

-- En octobre 2017, j’ai été hospitalisé, toujours à la clinique du Parc, en médecine spécialisée pendant une vingtaine de jours pour une pancréatite aiguë avec nécrose. J’ai été transféré directement du Parc au CSSR de Quissac pour une trentaine de jours de repos et remise en forme.

 

-- En août 2019, nouvelle hospitalisation complète en médecine spécialisée. Cette fois c’était à la polyclinique Saint-Roch pour un diabète de type 2. Je suis resté hospitalisé pendant huit jours.

 

Je suis père de six enfants (que j’ai eu de deux unions différentes) et grand-père de onze petits-enfants. Je me suis marié en août 2016 avec une femme divorcée, mère de trois enfants et grand-mère de six petits-enfants. Pour certains de vous, vous connaissez mon épouse car elle fréquente les réunions ALP Entourage aussi bien à Montpellier qu’à Lunel.

 

Maintenant que je me suis présenté, je voudrais vous parler des pourquoi de mon abstinence.

 

A première vue rien ne prouve que je ne boive pas, si ce n’est mon comportement, mon attitude, ou l’odeur de mon halène, la brillance de mes yeux… Pourtant c’est vrai : je ne bois pas d’alcool… La cure de sevrage, les réunions ALP, les quelques séances avec un psychologue, mes consultations auprès du docteur POSSOZ (mon fameux tabouret à trois pieds…) ; le bien être que je ressens sans alcool, la complicité avec ma femme, l’amour retrouvé de mes enfants, l’affection de mes beaux enfants et petits-enfants, mes problèmes de santé sont, pour moi, des motivations pour ne pas recommencer à boire. Mais pas que !!! La confiance et l’estime des autres sont un soutien également. Croyez-vous que Jane et Roland, avec l’accord du docteur POSSOZ, me laisseraient l’animation des réunions de l’antenne de Palavas si je recommençais à boire… Moi, je ne crois pas.

 

De plus, si je rebuvais, où en serait la confiance, l’affection, la complicité, l’attention de mon épouse. Qu’elle serait sa vie à toujours se demander si la consommation d’alcool ne va pas détériorer un peu plus mon pancréas ; ou si le diabète ne va pas grimper anormalement. Ne se dirait-elle pas : « Oh ! mon Dieu… quel va être son comportement, ne va-t-il pas déclencher une querelle entre nous vu l’état où il est ? Ne va-t-il pas être violant si je lui fais une remarque sur son état ? » … Si je rebuvais, elle ne vivrait plus, et les enfants non plus. Mon épouse serait obligée d’assumer ce que je ne serais plus en mesure d’assumer.

 

Je crois que c’est Calogéro qui disait dans une de ses chansons : « Ce n’est pas un crime de vivre sans père… » Pour moi, à l’heure actuelle, c’est un crime pour un père de préférer l’alcool à ses enfants. Mes enfants ont vécu de leur tendre enfance jusqu’en 2016 avec un père fantôme, incapable d’assumer son rôle de père. Mais, maintenant qu’ils ont retrouvé ce père, je n’ai pas le droit de les décevoir. Ma fille aînée va fêter ses 49 ans en fin d’année. Et nous discutons, nous échangeons comme nous ne l’avons jamais fait au par avant. Mon dernier fils, à ses 18 ans m’avait complètement effacé de son existence. Il est devenu papa d’une jolie petite fille. Cette gamine a connu son grand-père alors qu’elle avait cinq ans.

 

Avant ma cure et mes problèmes de santé, ce fils ne répondait jamais à mes appels téléphoniques ou ne cherchait pas à m’appeler. Il n’était pas question pour lui de venir à la maison, ou me recevoir chez lui. Maintenant, il ne loupe pas une occasion pour quitter la région parisienne où il habite depuis sa naissance pour venir se ressourcer à la maison. Il parle même de venir s’installer à Montpellier avec sa nouvelle compagne. Pourtant, sa mère, qui est originaire de Martinique, l’a sollicité à plusieurs reprises pour qu’il s’installe là-bas. Il a toujours refusé.

 

Les enfants de mon épouse m’ont connu alors que j’étais encore dans l’alcool. Ils ont eu, à juste titre, des doutes sur le bonheur et la sécurité que je pouvais apporter à leur mère. Lors de ma demande en mariage, la future mariée m’a déclarée : « Je veux bien t’épouser mais avant il TE faut choisir entre l’alcool ou moi, mais pas les deux… » Mon choix a été vite fait : je suis parti en cure. Mais cette cure a-t-elle était sur le moment un réconfort pour ses enfants, ont-ils étaient vraiment rassurés ? Ce qui les rassurent, c’est la durée du sevrage dans le temps.

 

Depuis mon arrêt de relation d’avec cet ami qui me voulait que du mal, je n’ai plus l’haleine qui « pue les égouts » le matin en me levant ; plus la bouche pâteuse ; plus de mal de tête ou d’estomac ; plus d’impression de flotter dans le vide ; etc… etc…

 

Oui, je sais, il ne faut pas dire : « fontaine je ne boirai pas de ton eau. » Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Je ne peux pas certifier : « Je ne reboirai jamais d’alcool. C’est fini. » La consommation d’alcool, comme vous le savais toutes et tous, est une maladie. Et comme toute maladie, il y a toujours un risque de récidive. Mais, pour moi, j’ai pour le moment un traitement qui est efficace : L’AMOUR DES MIENS, LA CONFIANCE DE LA FAMILLE ET DES AMIS ; la reconnaissance de mes relations amicales.

 

J’ai une épouse qui n’a pas besoin de m’épier pas 24H / 24H. Elle n’a pas besoin de marquer d’un trait discret le niveau de liquide dans les bouteilles d’alcool qui se trouvent à la maison (et oui, nous avons de l’alcool pour recevoir la famille et /ou les ami(e)s). Elle n’a pas besoin de fouiller les hypothétiques plan ques pour voir si une bouteille n’y est pas cachée.

 

Mon épouse est quelqu’un qui, en voyant les guerres que j’ai en moi décide non seulement de rester, mais de se tenir à mes côtés durant tous mes combats (pancréatite, diabète par exemple, etc). Mon épouse est une personne qui me soutient lorsque ça devient difficile, qui se bat pour que je continu à avoir confiance en moi, à avoir confiance quand la vie me déçoit. Mon épouse est quelqu’un qui me rappelle que je suis extraordinaire quand je ne me sens pas bien, quand je suis au plus bas. Mon épouse et nos enfants sont ceux qui veulent me voir toujours heureux, toujours en haut.

 

Voilà, je me suis exprimé sur ce que sont pour moi les bénéfices de ma non reconsommation d’alcool. (*1)

 

Merci de votre lecture.

 

Alain FAURE

 


 


 

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